(Investir au Cameroun) – Le 17 juillet 2025, la Société nationale des hydrocarbures (SNH), accompagnée de sa filiale Tradex et du consortium Ariana/RCG, a procédé au lancement officiel du projet CSTAR Refinery, une raffinerie modulaire d’une capacité annoncée de 30 000 barils par jour. L’infrastructure doit être implantée à Lolabé, dans la zone industrialo-portuaire de Kribi, sur un site de 250 hectares.
D’un coût estimé à 115 milliards de FCFA, le chantier est confié au consortium RCG Turnkey Solutions, en partenariat avec Global Process Systems (GPS) et Norinco International. Les travaux sont censés durer 18 mois, pour une mise en service prévue en juin 2028. Lors de la cérémonie, Nathalie Moudiki, CEO de CSTAR, a évoqué une initiative « en droite ligne de la vision présidentielle » visant à positionner le Cameroun comme hub d’approvisionnement régional en produits pétroliers.
Le projet prévoit la mise en place d’un terminal de stockage des carburants (gasoil, essence, jet A1, kérosène, HFO), avec une capacité initiale de 250 000 à 300 000 m³. Il intervient alors que le pays fait toujours face aux conséquences de l’arrêt prolongé de la Sonara, endommagée par un incendie en mai 2019, et qui n’a depuis repris aucune activité de raffinage. Cette situation a entraîné une dépendance totale du Cameroun aux importations de produits finis, malgré une production nationale de l’ordre de 72 000 barils de brut par jour.
Pour répondre à une demande annuelle estimée à 1,9 million de tonnes métriques, les capacités actuelles de stockage du pays – évaluées à 270 000 m³ – demeurent largement en deçà des exigences réglementaires. Celles-ci imposent des stocks de sécurité pour 30 jours de consommation, et des stocks commerciaux pour 15 jours, soit une capacité cible d’environ 470 000 m³.
Dans ce contexte, le projet CSTAR est présenté comme une alternative structurante. D’après les estimations fournies, il pourrait réduire de 30 % les importations de carburants, permettant ainsi des économies annuelles de près de 400 milliards de FCFA. Les autorités misent également sur des recettes d’exportation estimées à 141 milliards de FCFA, principalement via les carburants marins. Sur le plan social, le chantier promet la création de 2 000 emplois directs et 5 000 emplois indirects, ainsi qu’un transfert de compétences au bénéfice de la main-d’œuvre locale.
Le lancement de la raffinerie de Kribi marque une volonté affichée de restaurer une autonomie énergétique nationale, fragilisée depuis l’arrêt de la Sonara. Toutefois, si le projet incarne un jalon important, sa concrétisation repose sur plusieurs conditions : la maîtrise des délais et des coûts, la sécurisation du montage financier, ainsi que la capacité des institutions à encadrer durablement une telle infrastructure.
Sans un pilotage rigoureux, ce nouvel outil pourrait difficilement échapper au sort réservé à d’autres projets industriels d’envergure annoncés mais inachevés. Le retour à une souveraineté pétrolière ne dépendra donc pas seulement de la technologie ou des investissements, mais surtout d’une gouvernance crédible et constante dans le temps.
Frédéric Nonos
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