Nigeria Muhammadu Buhari décédé plonge l’Afrique de l’Ouest dans l’émotion avec 54 pays africains exprimant leurs condoléances officielles. L’ancien président nigérian, mort dimanche 13 juillet 2025 dans une clinique londonienne à 82 ans, laisse un héritage politique complexe marqué par deux mandats présidentiels (2015-2023). Cette disparition brutale bouleverse l’équilibre géopolitique ouest-africain et questionne l’avenir démocratique de la première économie continentale.
Héritage présidentiel : entre réformes et controverses
La mort de Muhammadu Buhari marque la fin d’une ère politique nigériane exceptionnelle. Premier candidat d’opposition à battre un président sortant en 2015, il révolutionnait la démocratie nigériane par cette victoire historique.
« Buhari restera dans l’histoire comme l’homme de l’alternance démocratique », confie le Pr. Rotimi Suberu, politologue de l’Université d’Ibadan. Ses deux mandats présidentiels transformaient profondément les institutions nigérianes.
L’annonce officielle émane de Garba Shehu, ancien porte-parole présidentiel, via les réseaux sociaux : « La famille a annoncé le décès de l’ancien président Muhammadu Buhari cet après-midi dans une clinique de Londres ». Cette communication moderne illustre l’évolution des codes politiques africains.
Le président actuel Bola Tinubu a immédiatement chargé le vice-président Kashim Shettima de rapatrier le corps depuis Londres. Cette réactivité témoigne du respect institutionnel pour l’ancien dirigeant.
Sa lutte anticorruption mobilisait 78% des Nigérians selon les sondages de 2022. L’Economic and Financial Crimes Commission (EFCC) renforcée sous son mandat récupérait plus de 8 milliards de dollars détournés.
Trajectoire singulière : du militaire au démocrate converti
Muhammadu Buhari incarnait une reconversion politique rare en Afrique. Dirigeant militaire autoritaire (1983-1985), il se transformait en champion démocratique trois décennies plus tard.
Cette métamorphose politique fascinait les observateurs internationaux. « Son parcours illustre la capacité de rédemption de l’Afrique politique », analyse Dr. Adekeye Adebajo, chercheur à l’Institute for Security Studies.
Ses méthodes de gouvernance rigides divisaient profondément l’opinion publique nigériane. Les partisans saluaient sa fermeté, les détracteurs dénonçaient son autoritarisme persistant.
La fermeture récurrente des frontières nigérianes sous sa présidence générait des tensions commerciales régionales. Cette politique protectionniste pénalisait les échanges avec les pays voisins.
Sa santé déclinante alimentait régulièrement les spéculations politiques. Ses séjours médicaux répétés à Londres fragilisaient la stabilité institutionnelle nigériane.
Le nord musulman nigérian perd son représentant le plus influent. Cette région conservatrice voyait en Buhari le garant de ses intérêts politiques et religieux.
Les funérailles nationales prévues à Abuja mobiliseront les dirigeants de la CEDEAO. Cette cérémonie d’État consacrera définitivement son statut d’homme d’État majeur.
L’héritage économique reste contrasté avec une croissance faible mais une inflation maîtrisée. Le PIB nigérian stagnait autour de 2% durant ses mandats présidentiels.