(Investir au Cameroun) – Une évaluation de la gestion durable des ressources minérales au Cameroun – visant à aligner le pays sur la Vision minière africaine – révèle que le potentiel minier du Cameroun reste largement sous-exploité. Pour parvenir à ce constat, l’étude a identifié six piliers relatifs à la situation minière du pays, dont l’un est consacré à « l’information géologique et minière ». Dans ce pilier, le constat de cette étude, commandée par l’African Minerals Development Centre de l’Union africaine et financée par l’European Union Technical Assistance Facility (EU-TAF) ainsi que les instruments de la Zlecaf, est que le Cameroun dispose d’un Système d’information géologique et minérale, avec des données couvrant la période de 1929 à ce jour.
Le pays utilise également des technologies modernes, comme les levés aéroportés. Cependant, il existe un manque de fonds dédiés à la cartographie géologique, ainsi qu’une standardisation insuffisante des données, lesquelles ne sont pas partagées de manière cohérente selon des normes techniques uniformes, ce qui nuit à leur fiabilité et à leur accessibilité. À cela s’ajoute l’absence d’une stratégie intégrée pour la collecte et la gestion de ces informations.
Ces faiblesses entraînent un manque de transparence dans l’attribution des licences et la divulgation des contrats. Les statistiques du Cameroun dans le secteur minier s’en trouvent affectées. D’après cette étude, le secteur minier contribue à environ 0,63 % du PIB et représente environ 5 % des exportations. Sa contribution au budget national est inférieure à 0,2 %.
À ce jour, le gouvernement a délivré 122 permis miniers industriels, contre plus de 1 000 permis pour les exploitations artisanales et à petite échelle. Le taux de redevance minière est plafonné à 25 %, alors que les exploitations artisanales d’or représentent 95 % de toute la production aurifère du pays.
Par ailleurs, le récent rapport de l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives du Cameroun (ITIE) révèle qu’en 2023, la Société nationale des mines (Sonamines) a rétrocédé un volume de 170,9 kg d’or au ministère des Finances, soit une valeur de 5 milliards de FCFA au titre de l’impôt synthétique minier libératoire.
Un responsable du ministère des Mines ajoute qu’au cours de l’année 2023 et du premier semestre de l’année 2024, la Sonamines a rétrocédé un total de 420 kg d’or.
Par ailleurs, les autres piliers identifiés dans cette étude incluent notamment un cadre institutionnel et légal faible, un régime fiscal manquant de transparence, l’absence de chaîne de valeur, ainsi qu’un manque de budget dédié à la surveillance environnementale.
Selon l’étude, tous ces manquements entraînent une transparence limitée dans l’octroi des licences et la divulgation des contrats, des disparités dans la collecte des revenus, une dégradation environnementale liée à un contrôle et une application insuffisants des règles, ainsi qu’une forte informalité et une faible traçabilité dans l’exploitation minière artisanale et à petite échelle.
Il est à noter que l’évaluation souligne certaines avancées du Cameroun, notamment en matière de renforcement du cadre légal. Il est toutefois recommandé au pays de lutter plus efficacement contre la corruption dans le secteur et de faire preuve de davantage de transparence afin que le secteur minier puisse réellement contribuer au développement national.
Ludovic Amara