(Investir au Cameroun) – Le Cameroun est classé parmi les dix derniers pays africains à enregistrer un faible nombre d’abonnés à l’internet haut débit sur mobile. Selon un rapport intitulé « État du développement numérique et tendances en Afrique : défis et opportunités », publié en avril 2025 par l’Union internationale des télécommunications (UIT), le pays enregistre environ 30 abonnements pour 100 habitants, pour une moyenne africaine estimée à 52 abonnements. Selon le rapport de l’UIT, ce chiffre à l’échelle africaine « est nettement inférieur à la moyenne mondiale de 95, et est le plus bas de toutes les régions » du monde.
Le Cameroun partage les dix dernières places du classement qui prend en compte 44 pays du continent, avec le Mozambique, premier des dix mauvais élèves du haut débit mobile en Afrique. Viennent ensuite la Sierra Leone et Madagascar, pays classés juste devant le Cameroun. Derrière la locomotive économique de la Cemac (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, Tchad et RCA), l’on retrouve la Guinée Conakry, le Burundi, le Soudan du Sud, le Tchad, la RCA et la Guinée équatoriale. Au total, la Cemac compte à elle seule quatre pays dans ce classement des pays africains les moins connectés au haut débit mobile, dont les trois derniers de la classe.
Ce classement du Cameroun survient alors que le pays est présenté comme un hub des infrastructures télécoms en Afrique centrale. En effet, le Cameroun est traversé par cinq câbles sous-marins à fibre optique -SAT3, WACS, ACE dont le point atterrissement reste à construire, SAIL et NCSCS- ce qui lui permet de revendiquer officiellement un réseau de 15 000 Km de fibre optique déployés à fin 2023. Le déploiement de 3500 Km supplémentaires était projeté en 2024.
Des infrastructures sous-exploitées
Malheureusement, ces câbles sous-marins, qui permettent d’accéder à la fibre optique, infrastructure stratégique pour le développement de l’internet haut débit, sont sous-exploités. C’est du moins ce que révèle un rapport de la Société financière internationale (SFI) sur l’état du secteur du numérique au Cameroun, présenté au ministère de l’Economie en 2022. « Seulement environ 15% de la capacité du câble SAT3 et 30% de la capacité du câble WACS ont été utilisés depuis leur lancement, il y a 17 ans », souligne le document, qui pointe également l’importance du « fiber gap » dans le pays.
Selon la SFI, ce phénomène qui renvoie aux zones dans lesquelles la fibre optique n’est pas encore déployée, ou alors n’est pas encore utilisée, touchait encore environ 14 millions de personnes au Cameroun en 2020, soit plus de la moitié de la population du pays estimée à environ 25 millions d’habitants.
Haut débit fixe
Cependant, le retard qu’accuse le Cameroun en matière de connexions au haut débit mobile à l’échelle africaine est moins important en ce qui concerne le haut débit fixe. Sur ce registre, le pays se classe même parmi les dix meilleurs élèves du continent. En effet, selon le rapport de l’UIT sus-mentionné, en 2022, le Cameroun enregistrait déjà plus de deux abonnements au haut débit fixe pour 100 habitants. Alors qu’en 2023, apprend-on, la moyenne des connexions au haut débit fixe en Afrique se situait à moins d’un abonnement pour 100 habitants.
« Seuls deux pays de la région, l’île Maurice et les Seychelles, affichent un niveau significatif d’abonnements au haut débit fixe, avec respectivement 27 et 31 abonnements pour 100 habitants. Dans tous les autres pays, sauf un, le taux était inférieur à 4 abonnements pour 100 habitants », révèle le document de l’UIT. Cet organisme international met la faiblesse de l’utilisation du haut débit fixe en Afrique sur le compte de la percée du mobile enregistrée sur le continent.
Brice R. Mbodiam
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