(Investir au Cameroun) – Dans un contexte de critiques persistantes sur la qualité des services télécoms, l’Agence de régulation des télécommunications (ART) a lancé, le 12 mai 2025, un nouvel appel d’offres restreint pour auditer le réseau national de fibre optique du Cameroun. L’opération, dont le coût prévisionnel est estimé à 350 millions FCFA, cible la performance et l’intégrité du réseau exploité par Camtel, opérateur historique et concessionnaire exclusif de cette infrastructure.
Selon l’avis signé par le directeur général de l’ART, Philémon Zo’o Zame, trois soumissionnaires sont en lice : le groupement Telecam/Tactis, le groupement HLB ACP Central Africa et le cabinet Telec.
Le réseau visé par cet audit est géré par Cameroon Telecommunications (Camtel), qui en assure la maintenance et revend l’accès aux autres opérateurs. Une position de monopole technique qui alimente depuis plusieurs années les tensions entre Camtel et ses concurrents directs, notamment Orange Cameroun et MTN Cameroon. Ces derniers accusent régulièrement l’opérateur public d’être à l’origine de pannes et de perturbations affectant leurs abonnés.
Ce n’est pas la première fois que l’ART met la fibre optique nationale sous la loupe. En septembre 2024, le régulateur avait publié les conclusions d’un audit accablant sur la gestion du réseau. Ce rapport, commandé par le gouvernement à la suite de plaintes récurrentes sur la qualité des services mobiles, pointait une infrastructure « dans un état de dégradation continue, et [dont] les conditions actuelles de maintenance sont à réévaluer ».
L’ART évoquait alors plusieurs facteurs aggravants : « une offre insuffisante en énergie électrique pour les infrastructures des opérateurs, des difficultés d’approvisionnement en carburant pour les sites techniques, notamment dans les grandes villes, ainsi que des ruptures fréquentes des câbles de fibre optique ».
En réponse à ces critiques, Camtel avait rappelé son rôle stratégique dans le secteur. « Nous sommes les garants de la souveraineté numérique du Cameroun », avait réagi l’entreprise dans une déclaration publique. Elle assurait prendre « systématiquement des mesures pour assurer une communication continue, même en cas d’incidents ».
Ce nouvel audit pourrait donc servir à confirmer — ou non — l’effectivité de ces mesures, tout en posant les bases d’une meilleure régulation du partage des infrastructures télécoms dans le pays.
Ludovic Amara
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