L’art contemporain au Cameroun perd l’une de ses voix les plus influentes ! Koyo Kouoh, figure emblématique de la scène artistique africaine et directrice du prestigieux Zeitz MOCAA au Cap (plus grand musée d’art contemporain d’Afrique), s’est éteinte ce samedi 10 mai 2025 en Suisse des suites d’une maladie. Cette disparition soudaine et prématurée à l’âge de 58 ans intervient alors que la Camerounaise venait d’être désignée commissaire de la Biennale de Venise 2026, devenant ainsi la première femme africaine nommée à ce poste prestigieux. Un destin exceptionnel brutalement interrompu qui laisse le monde culturel sous le choc.
Patrimoine artistique camerounais : l’héritage colossal d’une pionnière visionnaire
« La Biennale de Venise apprend avec consternation la nouvelle de la disparition soudaine et prématurée de Koyo Kouoh », a déclaré l’institution dans un communiqué officiel publié ce samedi. Cette perte laisse « un vide immense dans le monde de l’art contemporain et dans la communauté internationale des artistes, des conservateurs et des chercheurs qui appréciaient son extraordinaire engagement intellectuel et humain ».
Née à Douala en 1967, Koyo Kouoh avait quitté le Cameroun à l’âge de 13 ans pour s’installer avec sa famille à Zurich. Après des études en économie et un passage dans le secteur bancaire, elle s’était tournée vers le domaine culturel, d’abord par la littérature et le cinéma, avant de s’installer à Dakar en 1996 suite à une rencontre déterminante avec le cinéaste Ousmane Sembène.
« Retourner au Cameroun, je trouvais ça redondant », avait-elle expliqué au sujet de ce choix. « Le Sénégal était plus cosmopolite. L’islam m’intéressait aussi. » C’est dans cette terre d’adoption qu’elle a fondé en 2008 le RAW Material Company, un centre d’art devenu un lieu d’exposition et de débat incontournable sur le continent.
Son parcours impressionnant l’avait conduite à coordonner le programme culturel de l’Institut Gorée (1998-2002), à co-organiser les Rencontres africaines de la photographie de Bamako, à contribuer à la Biennale de Dakar et à devenir commissaire du 1:54 Contemporary African Art Fair à Londres. Elle avait également marqué de son empreinte le documenta 12 (2007) et 13 (2012), ainsi que le Salon urbain de Douala (SUD).
En 2019, sa nomination comme directrice du Musée Zeitz d’art contemporain d’Afrique au Cap avait consacré sa position de leader dans la promotion de l’art africain sur la scène mondiale. Spécialisée dans la photographie, la vidéo et l’art dans l’espace public, elle avait organisé de nombreuses expositions internationales et publié des écrits essentiels sur l’art contemporain africain.
Sa récente désignation comme commissaire de la 61e Biennale de Venise 2026 représentait le couronnement d’une carrière exceptionnelle. « C’est un honneur et un privilège uniques de suivre les traces d’illustres prédécesseurs dans le rôle de directrice artistique », avait-elle déclaré après sa nomination, espérant « créer une exposition qui aura un sens pour le monde dans lequel nous vivons et, plus important encore, pour le monde que nous voulons construire ».
Sa disparition laisse un vide immense dans le paysage artistique africain et international, privant le Cameroun d’une ambassadrice culturelle d’exception qui aura consacré sa vie à décloisonner les frontières de l’art contemporain africain.
Comment le Cameroun pourrait-il honorer durablement l’héritage de Koyo Kouoh et valoriser davantage ses artistes contemporains sur la scène internationale ?