(Investir au Cameroun) – Selon le rapport final des résultats de la cartographie et du dénombrement du troisième Recensement général des entreprises (RGE3), publié le 5 mai 2025 par l’Institut national de la statistique (INS), le stock d’emplois permanents dans les entreprises est évalué à 1 178 043 personnes en 2022, contre 635 969 en 2015. Cela équivaut à une moyenne de création nette de 69 826 emplois par an sur une période de huit ans. En valeur relative, il ressort un accroissement de 88,2 %.
L’INS précise que les données sur l’emploi se réfèrent à l’année 2015 dans le cadre du RGE2 réalisé en 2016, et à l’année 2022 dans celui du RGE3, réalisé en 2023. L’organisme en charge de l’élaboration de la statistique officielle au Cameroun explique cette ampleur du stock d’emplois par la hausse du nombre d’entreprises recensées dans le pays, passée de 209 482 en 2016 à 438 893 en 2023, soit un lien de 109,5 %.
L’analyse selon le sexe révèle que 806 712 employés sont des hommes, représentant ainsi une proportion de 68 %, contre 32 % de femmes. Cette répartition traduit un recul significatif de la part des femmes dans l’emploi, alors qu’elles représentaient 44 % il y a sept ans.
Sur les 1 178 043 emplois recensés, 78 % se trouvent dans le secteur tertiaire. Le secteur secondaire constitue le deuxième pôle de concentration des emplois avec 18 %. Comparativement aux effectifs de 2015, l’INS note une baisse de la contribution des secteurs primaire et secondaire, de respectivement 1 point et 3 points, tandis que celle du secteur tertiaire a augmenté de 4 points.
La répartition des effectifs par secteur révèle que dans le secteur primaire, l’agriculture demeure le principal pourvoyeur d’emplois permanents, représentant 68,7 % des emplois de ce segment. Entre 2015 et 2022, l’INS observe cependant une baisse de 19,5 points dans la proportion des emplois agricoles, notamment au sein de la Cameroun Development Corporation (CDC), l’un des plus grands employeurs de ce secteur, qui a considérablement réduit ses effectifs en raison de la baisse de ses activités, provoquée par la crise anglophone depuis 2016.
En revanche, l’INS relève une hausse de 3,6 et 15,2 points respectivement dans les segments de l’élevage et de la sylviculture. Dans le secteur secondaire, les emplois sont principalement concentrés dans les sous-secteurs de l’industrie alimentaire et de la fabrication d’articles d’habillement, qui totalisent 112 158 postes, soit 51,4 % des emplois de ce secteur.
Le secteur tertiaire, quant à lui, affiche la majorité de ses emplois dans le commerce (49,8 %). Les très petites entreprises (TPE), du fait de leur nombre élevé, génèrent la majorité des emplois permanents du secteur moderne (55,6 %). Les grandes entreprises, bien que moins nombreuses, en assurent 22,2 %.
Selon l’INS, les régions du Littoral et du Centre continuent d’exercer une influence notable sur la création d’emplois en entreprise, avec plus de la moitié générée dans les deux métropoles : Douala concentre 37,7 % des emplois et Yaoundé 25,5 %. Cette situation est globalement stable par rapport à 2015. Elle s’explique par le fait que ces deux villes regroupent, outre la majorité des entreprises, l’essentiel des grandes et moyennes entreprises du pays.
Frédéric Nonos