Une nomination qui fait trembler l’échiquier politique dans la région de l’Ouest du Cameroun. Hamidou Komidor Njimoluh, 77 ans, vient d’être propulsé à la tête de la délégation régionale du comité central du RDPC par Paul Biya. Cette désignation inattendue du diplomate bamoun, actuellement ambassadeur en Algérie, ravive de vieilles tensions à Foumban et redessine les alliances politiques à seulement cinq mois de la présidentielle. Les enjeux de cette nomination stratégique dépassent largement les frontières du royaume bamoun.
Stratégie politique: les coulisses d’une nomination explosive à l’Ouest
Le choix de Komidor Njimoluh, petit-fils du célèbre sultan Ibrahim Njoya, s’inscrit dans la logique d’équilibre ethnique chère au président Biya. Contrairement à son prédécesseur Ibrahim Mbombo Njoya, décédé il y a quatre ans, ce diplomate de carrière présente un profil moins monarchique et davantage républicain. Une qualité qui pourrait s’avérer déterminante face à une opposition de plus en plus conquérante dans la région.
«Le chef de délégation du comité central ne vient pas remplacer ceux qui font le travail sur le terrain. Il est davantage dans un rôle de coordination», explique un responsable du RDPC proche du nouvel homme fort. Pourtant, son installation officielle à Bafoussam le 24 avril dernier a révélé des crispations au sein de la base militante, certains espérant un profil plus aguerri aux batailles électorales.
Le véritable séisme se situe à Foumban où les relations entre Komidor Njimoluh et le jeune sultan Nabil Njoya se sont dramatiquement détériorées. Autrefois conseiller respecté à la cour royale, le diplomate est aujourd’hui persona non grata au palais. En janvier, une fausse lettre dans laquelle il aurait apporté son soutien à l’UDC, parti d’opposition dirigé par Patricia Tomaïno Ndam Njoya, a même circulé.
Dans ce contexte explosif, Paul Biya a joué finement en cooptant simultanément le sultan Nabil Njoya au sein du comité central du parti. Une manœuvre qui évite de créer des mécontents dans l’un des deux camps, alors que la région fait face à la montée en puissance de l’UDC et du MRC qui ont progressivement supplanté le SDF.
Cette nomination intervient dans un moment crucial où le RDPC doit mobiliser ses troupes face à une opposition dynamique. Selon les derniers sondages de l’Institut camerounais d’études politiques, le parti au pouvoir a perdu 7 points dans l’Ouest depuis 2020, ne recueillant plus que 43% des intentions de vote.
Le diplomate parviendra-t-il à unifier les forces du RDPC à l’Ouest malgré les tensions avec le palais royal de Foumban?