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Crime rituel Cameroun • L’affaire de sa Majesté Tenekam Joseph 💔


8 ans après le meurtre sauvage d’une fillette à Bafoussam, retour sur une affaire judiciaire aux zones d’ombre persistantes

L’affaire du crime rituel de Nana Emmanuelle reste gravée dans la mémoire collective camerounaise comme l’un des faits divers les plus choquants de la décennie. Le 27 juin 2015, cette fillette de 11 ans, élève en classe de 6ème à Bafoussam, était retrouvée assassinée dans des conditions atroces, son corps mutilé gisant au fond d’un puits au quartier Kouogouo. Huit ans après les faits, ce drame qui a secoué tout le pays continue de susciter indignation et questionnements. Une plongée dans les méandres d’une affaire judiciaire aux multiples rebondissements, entre dénonciations anonymes, arrestations controversées et acquittements surprenants qui laissent encore aujourd’hui de nombreuses zones d’ombre sur un crime dont la barbarie avait soulevé une vague d’émotion sans précédent dans la région de l’Ouest.

Meurtre rituel à Bafoussam : Chronologie d’un crime qui a traumatisé toute une ville

C’est un samedi matin de juin 2015 que l’horreur est découverte au quartier Kouogouo, dans l’arrondissement de Bafoussam III. Le corps d’une fillette est repéré au fond d’un puits, portant les stigmates d’actes d’une cruauté innommable. Les sapeurs-pompiers, appelés sur place, extraient la dépouille qui présente des mutilations caractéristiques des crimes rituels.

« Les yeux crevés, le cou lacéré, le ventre et les parties génitales cisaillés… Le corps présentait toutes les marques d’un prélèvement d’organes à des fins occultes », rapportait à l’époque le quotidien Cameroon Tribune dans son édition du 10 juillet 2015.

L’identité de la victime reste d’abord inconnue. Les autorités multiplient en vain les recherches pour retrouver sa famille, jusqu’à un rebondissement inattendu survenu le 5 juillet 2015. Un message anonyme est déposé sur les lieux du crime, révélant non seulement l’identité de la fillette, mais aussi les motifs présumés de son assassinat.

Selon les témoignages recueillis par la presse locale, l’onde de choc fut immédiate dans la ville. « Toute la communauté était sous le choc, des manifestations spontanées se sont organisées pour réclamer justice », se souvient Bertrand Kengne du quartier Kouogouo interviewé en 2022 lors d’une commémoration de ce drame.

Justice camerounaise : L’énigme non résolue de l’acquittement dans l’affaire Nana Emmanuelle

La lettre anonyme qui a fait basculer l’enquête accusait directement Joseph Tenekam, un homme d’affaires de 64 ans et chef traditionnel de 3ème degré à Bakassa, d’être le commanditaire du crime. Les auteurs de ce courrier, se présentant comme les exécutants du meurtre, affirmaient avoir agi sur commande pour fournir « 1,5 litre de sang d’une jeune fille » contre une somme de 700.000 FCFA qui ne leur aurait jamais été versée.

Cette piste conduisit à l’arrestation immédiate du patriarche Tenekam, qui nia farouchement toute implication. Déféré devant le procureur de la République, l’homme d’affaires fut placé sous mandat de dépôt à la prison centrale de Bafoussam, tout comme Apollinaire Fokoui, autre suspect dans cette affaire.

Mais le 24 mai 2016, après dix mois de détention provisoire, le tribunal de grande instance de la Mifi prononça l’acquittement des accusés. Une décision qui provoqua stupeur et incompréhension.

Cette affaire illustre les défis persistants de notre système judiciaire face aux crimes rituels . Les preuves dans ce type d’affaires sont souvent circonstancielles, rendant les condamnations difficiles malgré l’émotion populaire.

Huit ans après ce drame, la petite Nana Emmanuelle n’a toujours pas obtenu justice et les véritables responsables de cet acte barbare courent peut-être encore dans la nature. Une situation qui interpelle notre société sur la protection effective des enfants et l’efficacité de notre appareil judiciaire face aux crimes les plus odieux.

Le souvenir de cette fillette de 11 ans, dont la vie a été brutalement arrachée dans des circonstances abominables, continue de hanter les consciences et d’interroger notre humanité collective. Comment notre société peut-elle encore laisser se perpétrer de tels actes et, plus troublant encore, comment peut-elle parfois échouer à rendre justice aux plus vulnérables d’entre nous?

Par Alain-Claude Ndom pour 237online.com



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