La tragédie qui a frappé Soulédé-Roua continue de susciter une vive émotion à travers tout le Cameroun. Dans un geste lourd de sens, les familles des chercheurs Mounsi Frédéric, Dr Bello Bienvenu et leur guide Oumarou Dakalay ont refusé de récupérer les corps de leurs proches, exhumés d’une fosse commune où ils avaient été enterrés par les autorités locales.
Un refus symbolique chargé d’émotion et de revendications
C’est un tableau déchirant qui s’est dessiné cet après-midi à l’Extrême-Nord du pays. Les dépouilles des trois hommes, sauvagement lynchés et calcinés par la population de Soulédé-Roua le 2 mars dernier après avoir été confondus avec des membres de Boko Haram, ont été transférées à la morgue de l’hôpital régional de Maroua. Selon les informations recueillies par notre correspondant, les familles endeuillées exigent que les victimes soient honorées à l’échelle nationale, une manière de restaurer la dignité de ces hommes morts dans des circonstances atroces.
“Comment accepter que des chercheurs venus contribuer au développement de notre région soient assassinés puis enterrés comme des criminels?” s’est indigné un proche des victimes, la voix tremblante de colère. Une position que partage l’ensemble des familles, qui attendent désormais une décision officielle des autorités camerounaises, comme le rapporte notre partenaire Equinoxe TV.
Une mort barbare qui révèle les tensions sécuritaires persistantes dans la région
Le drame de Soulédé-Roua met en lumière la psychose qui règne dans cette zone frontalière régulièrement ciblée par les attaques terroristes. Les trois hommes effectuaient des recherches scientifiques lorsqu’ils ont été pris pour des éléments de Boko Haram par des villageois en proie à la peur. Cette méprise tragique s’est soldée par un lynchage d’une violence inouïe, les corps ayant été brûlés vifs par une foule déchaînée.
D’après les experts en sécurité, cet incident souligne “l’urgence d’améliorer la communication entre les autorités, les forces de sécurité et les populations locales traumatisées par des années d’insécurité“. Une analyse partagée par plusieurs organisations de défense des droits humains qui appellent à une enquête approfondie sur les circonstances exactes de ce drame.
Vers une reconnaissance nationale du sacrifice des chercheurs?
La demande des familles pour des honneurs nationaux pose une question fondamentale sur la reconnaissance due aux scientifiques qui risquent leur vie pour faire avancer la recherche dans des zones difficiles. Mounsi Frédéric et Dr Bello Bienvenu menaient des travaux essentiels pour la région, accompagnés par leur guide expérimenté Oumarou Dakalay.
Les réseaux sociaux s’enflamment autour de cette affaire. De nombreux internautes appellent à une journée nationale de commémoration et à des mesures concrètes pour éviter que de tels drames ne se reproduisent.
En attendant, les trois dépouilles reposent à la morgue de Maroua, symboles silencieux d’une tragédie qui aurait pu être évitée.
