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188 églises scellées à Yaoundé 4 • Persécution religieuse ?


La récente vague de fermetures ayant touché 188 églises de réveil dans l’arrondissement de Yaoundé 4 soulève une tempête de questions sur la liberté religieuse au Cameroun. Cette opération, présentée comme une simple application de la loi, révèle en réalité un traitement inéquitable des différentes confessions religieuses dans notre pays. Comme le souligne avec pertinence le Révérend Georges Essala, journaliste et pasteur, nous assistons à “une sorte de chasse aux sorcières contre ce mouvement dénominationnel et religieux”.

Un blocage administratif systématique depuis 27 ans

L’accusation de ne pas disposer d’autorisation officielle paraît tout aussi hypocrite quand on constate l’impossibilité structurelle d’obtenir ces fameux décrets. Comment reprocher aux églises de réveil leur “illégalité” quand, depuis 1998, “aucune des nombreuses demandes introduites n’a prospéré” ? Ce blocage administratif délibéré maintient ces communautés dans une précarité juridique permanente, les exposant à l’arbitraire des autorités locales.

Cette situation kafka’ienne contraste avec la bienveillance dont bénéficient d’autres confessions religieuses. Le Révérend Essala pointe cette différence de traitement avec des exemples frappants : “Aucun Sous-préfet, ni Préfet encore moins Ministre n’envisagerait apposer des scellés sur une mosquée qui pourtant tous les matins sort le voisinage de son sommeil avec le vacarme de l’appel à la prière.”

De même, l’Église catholique continue d’exercer sans entrave malgré certaines positions controversées, tandis que les Témoins de Jéhovah poursuivent leurs pratiques sans être inquiétés, même lorsque celles-ci peuvent avoir des conséquences dramatiques sur la santé de leurs fidèles.

Une indignation sélective face aux problèmes de la société

Le plus troublant dans cette affaire reste peut-être l’acharnement des autorités sur ces lieux de culte alors que de nombreux problèmes bien plus graves persistent dans le pays sans susciter la même détermination. “Les whiskies en sachet continuent de se vendre” malgré leur interdiction, “la prostitution et l’homosexualité” prospèrent dans des lieux connus de tous, et “plus de 800 écoles clandestines exercent dans le pays” sans être inquiétées.

Cette disproportion dans le traitement soulève des interrogations légitimes sur les motivations réelles de ces fermetures. S’agit-il vraiment de faire respecter la loi ou plutôt de cibler spécifiquement un mouvement religieux qui dérange par son dynamisme et son indépendance ?

Les autorités feraient bien de méditer sur cette incohérence qui mine leur crédibilité. La laïcité de l’État, garantie par la Constitution, implique un traitement équitable de toutes les confessions religieuses, et non une application à géométrie variable des lois selon les cultes concernés.

Par Laurent Diby pour 237online.com



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