Dans une sortie médiatique qui résonne comme un uppercut en plein visage de l’histoire officielle, André Marie Talla vient de rappeler à l’ordre Elimbi Lobé suite à ses déclarations controversées sur Ernest Ouandié. Avec une émotion palpable, l’artiste devenu aveugle à l’âge de 15 ans a dévoilé un témoignage glaçant qui replonge le Cameroun dans les heures les plus sombres de son histoire post-coloniale. “Ce que j’ai découvert en chemin au ‘carrefour Maquisard’ dépasse l’horreur : les têtes de nos compatriotes, exposées par les colons et leurs complices locaux, pour nous terroriser à jamais“, raconte-t-il avec une précision qui glace le sang.
Cette révélation intervient dans un contexte où les tentatives de réécriture de l’histoire nationale se multiplient. Les propos d’Elimbi Lobé, que Talla qualifie d’”inacceptables“, semblent avoir été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase des non-dits historiques.
Ernest Ouandié : l’honneur intact face au peloton d’exécution
André Marie Talla dépeint Ouandié comme “un fils digne de la nation, un combattant de l’honneur qui n’a jamais failli, qui n’a jamais trahi le combat”. Ce portrait tranche radicalement avec les tentatives de diabolisation des figures nationalistes camerounaises qui persistent dans certains cercles. Le témoignage de l’artiste sur l’exécution d’Ouandié prend une dimension particulièrement poignante : “Je n’oublierai jamais le jour de son exécution à Bafoussam le 15 janvier 1971. Bien que privé de la vue, j’y étais et je garde en moi chaque instant de cet événement.”
Le détail qu’il livre ensuite révèle toute la dignité du héros nationaliste face à la mort : “Ernest Ouandié avait refusé qu’on bande ses yeux. Il avait choisi d’affronter la mort !” Une attitude qui contraste violemment avec l’image parfois véhiculée des leaders de l’UPC, et qui rappelle étrangement le courage des grandes figures révolutionnaires africaines qui ont payé de leur vie leur engagement pour la liberté.
Un appel vibrant à préserver la mémoire nationale authentique
La conclusion du message de Talla résonne comme un cri d’alarme : “Aujourd’hui, insulter sa mémoire, la souiller de la sorte, est une offense impardonnable. Nous ne pouvons l’accepter. Nous ne devons pas l’accepter.” Ces mots traduisent l’indignation d’une génération qui a vécu les violences de la période troublée de l’indépendance, et qui refuse de voir l’histoire réécrite au détriment des sacrifices consentis.
Au-delà du cas spécifique d’Elimbi Lobé, ce rappel à l’ordre soulève des questions cruciales sur le rapport du Cameroun à son histoire. Comment construire une identité nationale solide quand les plaies du passé continuent de suppurer ? Comment transmettre aux jeunes générations une vision équilibrée de leur histoire quand les témoins directs disparaissent progressivement ?
Le témoignage d’André Marie Talla, avec sa charge émotionnelle brute, nous rappelle que l’histoire n’est pas qu’une succession de dates et d’événements, mais aussi et surtout une affaire de chair et de sang, de traumatismes transmis et de dignité à préserver. En ce sens, il nous invite tous à un devoir de mémoire exigeant et sans concession.