(Investir au Cameroun) – Le 19 février 2025, l’université de Ngaoundéré a inauguré un nouvel espace dédié à l’entrepreneuriat étudiant, destiné à soutenir les jeunes porteurs de projets dans toutes les étapes de la création d’entreprise. Ce projet innovant, mis en place dans le cadre du Programme d’apprentissage concret et technique en entrepreneuriat (Pacte), bénéficie de l’appui du géant américain de la technologie Microsoft, ainsi que de l’Ocean Innovation Center (OIC), un centre qui accompagne les Camerounais dans le développement de leurs compétences et projets numériques fondé par le Camerounais Jacques Bonjawo. Ensemble, ces partenaires cherchent à transformer les idées des étudiants en projets concrets, en phase avec les besoins du marché local, et à favoriser le développement économique du Cameroun.
L’espace entrepreneuriat de l’Institut universitaire de technologie (IUT) de Ngaoundéré se divise en deux structures complémentaires, pensées pour accompagner les étudiants tout au long de leur parcours entrepreneurial. D’abord, la Case de l’entrepreneur, un espace de travail collaboratif dédié à la rencontre d’idées, où étudiants et entrepreneurs peuvent échanger, réfléchir ensemble et partager des expériences. Ensuite, le Fablab, un laboratoire de prototypage où les étudiants peuvent concrétiser leurs idées, doté notamment de matériel informatique et d’équipements pour la fabrication (broderie, impression 3D, etc.). « Le Fablab est un carrefour où les idées se transformeront en réalité. Il va couvrir plusieurs domaines, à l’instar de l’unité de traitement de l’eau minérale, l’unité de transformation de cacao », a déclaré Yann Gaudeau, directeur de l’IUT de Haguenau de l’université de Strasbourg, en France.
Le rôle de Microsoft et de l’OIC est crucial pour le succès de cette initiative. Microsoft apporte un soutien technologique et stratégique aux étudiants, en leur fournissant des outils et des solutions avancées pour le prototypage, le développement et l’optimisation de leurs projets. Parmi les ressources proposées figurent des solutions Cloud et des technologies d’intelligence artificielle (IA), qui permettent aux jeunes créateurs de répondre aux défis technologiques et d’innovations actuels. De son côté, l’OIC joue un rôle essentiel dans l’accompagnement technique. Grâce à ce soutien, les jeunes entrepreneurs auront non seulement accès à des ressources techniques et des outils de pointe, mais aussi à des financements pour la mise en œuvre de leurs projets.
Ce projet s’inscrit dans une logique de rapprochement entre le monde académique et le secteur privé, visant à répondre à l’inadéquation formation-emploi qui touche de nombreux jeunes au Cameroun. Cette problématique est souvent citée comme l’une des causes du chômage et du sous-emploi croissants dans le pays. L’inauguration de cet espace de soutien à l’entrepreneuriat intervient également dans le cadre de la nouvelle loi d’orientation de l’enseignement supérieur au Cameroun, promulguée en 2023 par le président Paul Biya. Cette loi introduit le statut national d’étudiant-entrepreneur (SNEE), qui accorde des avantages spécifiques aux étudiants porteurs de projets, en termes de formation, d’accompagnement et d’accès à des ressources dédiées.
Ce partenariat avec Microsoft et l’OIC répond aussi à un enjeu pour l’avenir économique du Cameroun : celui de l’innovation durable. Les secteurs clés pour le développement économique local, tels que la transformation du cacao et la gestion des ressources en eau sont particulièrement soutenus par ce programme. En formant des étudiants capables de développer des projets concrets dans ces domaines, l’université de Ngaoundéré et ses partenaires entendent participer à la création d’un environnement propice à l’innovation, tout en répondant aux défis économiques actuels. Dans ce contexte, le chef de l’État a encouragé les jeunes camerounais à s’investir dans l’auto-emploi et à se lancer dans les activités de production qu’offre le Plan triennal intégré d’import-substitution 2024-2026, qui vise à limiter les importations et à stimuler la production locale, tout en réduisant la pression sur la balance commerciale du pays.
Patricia Ngo Ngouem