Le gouvernement camerounais a lancé une offensive contre la fraude dans l’administration publique avec l’introduction de l’Application informatique de gestion logique des effectifs et de la solde (Aigles). Ce système, présenté comme la solution ultime à la problématique des fonctionnaires fictifs, vise à révolutionner la gestion des ressources humaines et de la solde dans le pays. Le ministre de la Fonction publique, Joseph Le, a souligné que cet outil centralisera et sécurisera les données, offrant ainsi une gestion plus transparente et agile.
Des années de lutte, peu de résultats
Malgré des milliards investis depuis les années 90 dans divers projets comme “Regains“, “Antilope“, “Aquarium“, et les différentes versions de Sigipes, la lutte contre les fonctionnaires fictifs a souvent ressemblé à une bataille de Sisyphe. Chaque initiative a été accompagnée de promesses de transparence et d’efficacité, mais les résultats ont été mitigés. L’opération de comptage physique du personnel de l’État (Coppe) en 2018 avait certes éliminé environ 10.000 agents fictifs, économisant 30 milliards de FCFA annuellement, mais le problème persiste.
Aigles : Réalité ou nouvelle arlésienne ?
Avec Aigles, l’espoir renaît, mais les sceptiques se demandent si ce n’est pas une énième tentative vouée à l’échec. Depuis son lancement le 1er janvier 2025, Aigles a déjà montré ses effets positifs en régularisant les avancements de classe et d’échelon pour 176.894 personnels et en mettant fin à des injustices salariales pour 21.810 autres. Pourtant, avec un historique de projets avortés ou inefficaces, la méfiance est de mise. La collaboration avec Camtel pour sécuriser les données et la promesse d’un suivi opérationnel précis sont des signes encourageants, mais l’histoire nous a appris à rester prudents.
