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La légende de la musique camerounaise s’éteint


C’est avec une profonde tristesse que le monde de la musique africaine apprend le décès de Koko Ateba, survenu ce vendredi 13 décembre 2024 à l’hôpital Foch de Suresnes.

Née à Douala, Koko Ateba s’est très tôt démarquée par son talent exceptionnel. Inspirée par les légendes Henri Njoh et Elvis Kemayo, elle développe un style unique qui mêle habilement tradition et modernité. Sa maîtrise de la guitare acoustique, comparable à celle de la grande Anne-Marie Nzié, en fait rapidement une référence incontournable de la scène musicale camerounaise.

Ses débuts au Philanthrope, mythique club de Yaoundé, marquent le début d’une ascension fulgurante. C’est là qu’elle rencontre Ambroise Voundi et Sade Gide, deux figures qui joueront un rôle déterminant dans sa professionnalisation.

“Talk Talk” : l’album qui a marqué une génération

En 1986, Koko Ateba sort “Talk Talk”, un album révolutionnaire qui redéfinit les contours de la musique camerounaise. Des titres comme “Je suis bien ici”, “Taxi” et “Nelson Mandela” deviennent instantanément des classiques. La fusion unique du bikutsi, du folk et du jazz crée un son nouveau qui transcende les frontières musicales traditionnelles.

L’album se distingue par :

  • Une approche novatrice du bikutsi traditionnel
  • Des arrangements sophistiqués mêlant guitare acoustique et instruments modernes
  • Des paroles multilingues (français, anglais, ewondo, pidgin)
  • Une production sonore d’avant-garde pour l’époque

Le drame qui bouleverse une carrière prometteuse

1988 marque un tournant tragique dans la vie de l’artiste. Invitée au palais présidentiel, elle interprète “Atemengue”, une chanson poignante sur l’infertilité féminine. Cette prestation, mal interprétée, lui vaut deux mois d’emprisonnement et un exil forcé. Malgré des excuses officieuses du président camerounais, cette expérience laisse des cicatrices indélébiles.

Renaissance et consécration internationale

L’exil en France ouvre un nouveau chapitre dans la carrière de Koko Ateba. Sa reprise du classique “Frou-frou”, devenu générique de l’émission éponyme de Christine Bravo sur France 2, lui offre une exposition nationale. Cette renaissance artistique démontre sa résilience et son talent intemporel.

Un engagement social constant

Au-delà de sa musique, Koko Ateba s’est distinguée par son engagement social. Me Akere Muna, qui l’a côtoyée pendant plus de 40 ans, témoigne de ses convictions profondes :

  • Son plaidoyer pour le dialogue dans la crise anglophone
  • Son combat pour l’émancipation des femmes
  • Sa défense des valeurs d’unité et de solidarité

Un héritage musical indélébile

L’influence de Koko Ateba sur la musique africaine se mesure à plusieurs niveaux :

  • Son approche novatrice de la fusion des genres
  • Sa maîtrise exceptionnelle de la guitare acoustique
  • Son engagement pour la promotion des langues locales
  • Son rôle de pionnière pour les artistes féminines

Les derniers moments d’une icône

Selon les informations recueillies, Koko Ateba luttait contre le cancer depuis plus d’un an. Malgré la maladie, elle est restée active jusqu’à ses derniers jours, continuant à transmettre sa passion pour la musique et à défendre ses convictions.

“Sa voix douce et les mélodies apaisantes de sa guitare garantissent que son héritage perdurera”, affirme Me Akere Muna dans un hommage émouvant.

Son fils, Flavienne Ateba, perpétue aujourd’hui son héritage musical, preuve que son influence continue de rayonner à travers les générations.

Impact sur la scène musicale contemporaine

L’influence de Koko Ateba se fait encore sentir dans la musique camerounaise actuelle :

  • Son style de guitare unique inspire de nombreux jeunes musiciens
  • Sa fusion des genres a ouvert la voie à l’expérimentation musicale
  • Son engagement social reste un modèle pour les artistes engagés
  • Son parcours international inspire les artistes africains

Par Jean-Paul Dzomo Nana pour 237online.com



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