
Dans une décision historique qui secoue les fondements de la société camerounaise, le Tribunal militaire de Yaoundé vient de rendre son jugement avant-dire-droit dans l’affaire de l’assassinat du journaliste Martinez Zogo. L’équipe de 237online.com vous dévoile les détails de cette étape cruciale du procès qui tient le pays en haleine.
Le 11 novembre 2024 restera gravé dans les annales judiciaires du Cameroun. Le tribunal, statuant à l’unanimité, a procédé à une requalification méticuleuse des charges qui pèsent sur chacun des accusés. Pour Amougou Belinga et Eko Eko Léopold Maxime, figures centrales de l’affaire, la justice retient la “complicité de coaction de torture“, une qualification qui fait froid dans le dos.
Une cascade de responsabilités criminelles
La décision dévoile un véritable organigramme de l’horreur :
- Tongue Nana Stéphane, Daouda, et Lamfu Johnson Ngam sont accusés de “complicité de coaction de torture, coaction d’assassinat, et violation de consigne“
- Danwe Justin fait face à des charges de “complicité de coaction d’arrestation et séquestration, complicité de coaction de torture, complicité de coaction d’assassinat, violation de consignes”
- Bruno Bidjang voit son cas requalifié en “conspiration de torture”
- Bidzongo Mbede Albert, alias “Arthur Essomba”, devra répondre de “complicité de torture, usurpation de titre et usurpation de fonctions”
Les implications d’une décision historique
Le tribunal a balayé plusieurs exceptions soulevées par la défense, notamment :
- La nullité des actes de l’enquête préliminaire
- La demande de reconstitution des faits sollicitée par Amougou Belinga
- La requête de production du dossier d’instruction d’Eko Eko
- L’exception sur la requalification des faits concernant Bruno Bidjang
Ce jugement avant-dire-droit clarifie également plusieurs points cruciaux :
- Martinez Zogo et Bani Zogo Arsène Salomon désignent la même personne
- L’État du Cameroun, via la DGRE, reste le seul civilement responsable
- Les modifications dans l’ordonnance de renvoi sont considérées comme de simples erreurs matérielles
Les accusés disposent maintenant de 48 heures à compter du lendemain du prononcé pour faire appel. La prochaine audience est fixée au 2 décembre 2024 pour l’exécution du jugement avant-dire-droit.
Cette décision marque un tournant décisif dans une affaire qui a bouleversé le Cameroun. Elle démontre la détermination de la justice à faire toute la lumière sur l’assassinat d’un journaliste qui avait fait de la lutte contre la corruption son combat quotidien.
Le verdict réaffirme également le principe selon lequel nul n’est au-dessus de la loi, même les personnalités les plus puissantes du pays. C’est un message fort envoyé à tous ceux qui penseraient pouvoir agir en toute impunité.