Dans les annales de l’histoire politique camerounaise, le 4 novembre 1982 résonne comme un coup de théâtre magistralement orchestré. Ahmadou Ahidjo, alors au sommet de sa puissance, a orchestré sa sortie avec une précision d’horloger, dans un scénario où la maladie simulée servait d’alibi parfait.
Les dessous d’une transition calculée
L’investigation menée par 237online.com dévoile les coulisses fascinantes de cette passation historique. La mise en scène commence dès juillet 1982 : maux de tête fictifs, insomnies théâtralisées, et une performance d’épuisement si convaincante qu’elle trompe même Guy Penne, l’émissaire de François Mitterrand. Seul le sourire radieux de Germaine Ahidjo, unique confidente du stratagème, aurait pu trahir la supercherie.
Un héritage empoisonné
La stratégie d’Ahidjo comportait pourtant une faille majeure. En conservant la présidence du parti unique, il créait involontairement les conditions de sa propre disgrâce. Cette décision, apparemment anodine, allait progressivement creuser un fossé infranchissable avec son successeur Paul Biya, transformant le « maître » et son « héritier » en adversaires irréductibles.
Le choix de Paul Biya, alors Premier ministre discret et efficace, n’était pas le fruit du hasard. L’amendement constitutionnel de 1979, préparant subtilement cette succession, avait écarté d’autres prétendants de poids comme Ayissi Mvondo, Samuel Eboua et Moussa Yaya. Une manœuvre politique qui témoigne de la vision stratégique d’Ahidjo, même si son épilogue ne correspondrait pas à ses attentes.
Cette passation de pouvoir unique en Afrique – un président quittant volontairement ses fonctions – reste un moment charnière de notre histoire. Elle marque la fin d’une époque et le début d’une nouvelle ère, dont les répercussions continuent d’influencer la vie politique camerounaise aujourd’hui.