(Investir au Cameroun) – Le think tank The Okwelians de l’avocat d’affaires camerounais Jacques Jonathan Nyemb vient de publier son rapport intitulé « Refonder le patronat camerounais ». Ce cercle de réflexion appelle à l’inclusion des filières agricoles au sein du patronat, particulièrement celles les plus pertinentes telles que le manioc, le plantain, la patate douce, et la volaille. D’après le rapport, ces filières jouent un rôle crucial dans la création d’emplois pour une grande partie de la population, y compris la plus défavorisée. Elles contribuent de manière significative au Produit intérieur brut (PIB) du pays ainsi qu’à l’équilibre de la balance commerciale, mais surtout à l’atteinte des objectifs de sécurité alimentaire.
Toutefois, pour que ces filières soient incluses au sein du patronat, « il est important qu’elles soient organisées à la base en secteurs ou sous-secteurs, ce qui leur permettra de défendre les intérêts spécifiques des acteurs des secteurs primaire, secondaire et tertiaire et de promouvoir des politiques favorables au développement de chacun des secteurs ».
D’après The Okwelians, l’inclusion des filières au sein du patronat devra favoriser la collaboration entre les différents acteurs économiques, notamment en encourageant les partenariats entre les grandes industries et les producteurs agricoles qui constituent les fournisseurs de matières premières. Cela contribuera à renforcer la compétitivité de l’agro-industrie camerounaise et favorisera son intégration dans les chaînes mondiales de valeur.
Le rapport sur la refondation du patronat intervient après la fusion controversée entre le Groupement inter-patronal du Cameroun (Gicam), la première organisation patronale du pays, et Entreprises du Cameroun (Ecam), un regroupement patronal de moindre envergure. En effet, Jacques Jonathan Nyemb s’était prononcé contre la dissolution du Gicam qui revendiquait 1000 adhérents et générait 75 % du chiffre d’affaires des entreprises modernes, pour une contribution de 74 % aux recettes fiscales de l’État.
Opposé à la fusion des deux organisations qui ont donné naissance, le 11 juillet 2023, au Groupement des entreprises du Cameroun (Gecam), Me Nyemb avait été déchu de son poste de porte-parole du président de l’ex-Gicam, Célestin Tawamba. L’avocat d’affaires avait estimé qu’une « fusion sans projet est un artifice ». À la suite de cette opposition, il a engagé à travers son think tank, une série d’ateliers sur la refondation du patronat. Selon lui, le patronat doit changer de paradigme et ne peut plus se limiter à représenter seulement 1 % du tissu économique, dont ¾ d’entreprises sont majoritairement des grandes entreprises et petites et moyennes entreprises situées à Douala et Yaoundé.
Pour le président de The Okwelians, « il est crucial que tous les acteurs économiques collaborent pour créer un environnement propice à la transformation durable du Cameroun ». Pour ce faire, le rapport recommande notamment d’aligner les axes de la refondation du patronat sur les politiques de réformes et les mécanismes de suivi-évaluation de la décentralisation. Il préconise également le développement des services liés à la promotion de la sous-traitance entre les grandes entreprises et les PME, ainsi qu’une politique obligatoire d’échanges de services entre les membres de différents secteurs d’activités logés au sein du patronat.
Frédéric Nonos
Lire aussi :
24-07-2020 – Jacques JONATHAN NYEMB, l’interlocuteur privilégié des chefs d’entreprises