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Cemac : les microfinances peinent à entrer en bourse, réduisant leur capacité de mobilisation de capitaux


(Investir au Cameroun) – Cinq ans après la création de la Bourse des valeurs mobilières de l’Afrique centrale (Bvmac), les établissements de microfinance (EMF) de la sous-région peinent toujours à s’y intégrer. Cette situation limite leur capacité à mobiliser des fonds essentiels pour financer l’économie régionale, comme l’ont souligné des experts lors d’un séminaire organisé à Douala, le 26 septembre 2024, par Kori Asset Management, un gestionnaire d’actifs.

Selon les données de la Bvmac, environ 14 000 milliards de FCFA de capitaux inactifs sont disponibles dans la Cemac, mais restent sous-utilisés. « Une trésorerie qui, si elle était efficacement orientée vers les marchés, aurait pu dynamiser et accélérer le développement sous-régional grâce aux mécanismes d’endettement », estime Patrick Fomethe, directeur général de Kori Asset Management.

Réticences

Les EMF évoquent plusieurs raisons pour justifier leur réticence à entrer en bourse. Parmi celles-ci, figurent le manque d’information, la complexité du processus, ainsi que des exigences de conformité jugées trop élevées. De plus, le coût de l’introduction en bourse est souvent prohibitif, nécessitant des ressources importantes pour couvrir les frais des intermédiaires et prestataires, tels que les agences de marketing, les experts-comptables et les conseillers financiers.

Le rapport 2023 de la BEAC souligne une amélioration globale du secteur de la microfinance dans la sous-région. Les bilans des 450 EMF actifs ont progressé de 23,4 %, atteignant 1 755,6 milliards FCFA en 2022. Les dépôts de la clientèle et les crédits à l’économie ont également connu une hausse significative. Toutefois, malgré cette progression, des défis subsistent, notamment en matière de gouvernance et de mise à niveau organisationnelle.

En effet, une entrée en bourse requiert des changements structurels et organisationnels profonds. Cela implique la mise en place de systèmes de contrôle internes sophistiqués et bien rodés, ainsi que la constitution d’équipes managériales expérimentées, dotées de curriculum vitae solides. Les sociétés cotées en bourse sont soumises à des obligations légales strictes en matière de transparence, telles que la publication régulière de leurs résultats financiers et la communication de tous les aspects de leurs activités dans des communiqués de presse. À ce jour, peu d’EMF remplissent ces conditions.

Perspectives

Face à ces défis, les acteurs de la microfinance appellent à une « armistice fiscale » d’au moins cinq ans, qui leur permettrait de se conformer progressivement aux exigences du marché boursier. Cette période de transition leur offrirait l’opportunité de mobiliser davantage de ressources via des fonds communs de placement (FCP). Selon Patrick Fomethe, ces outils peuvent mutualiser l’épargne des petits investisseurs et offrir une inclusion financière accrue, tout en apportant des ressources vitales aux EMF.

D’après la Cosumaf, la taille des actifs gérés par les sociétés de gestion d’actifs en zone Cemac est passée de 370 milliards à fin 2022 à 635 milliards à fin 2023, traduisant ainsi le dynamisme de ce secteur d’activités dans la sous-région.

Frederic Nonos

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