Le président Paul Biya a été convié par Emmanuel Macron aux commémorations du 80e anniversaire du Débarquement de Provence. Une invitation qui cache mal les inquiétudes françaises face au rapprochement entre le Cameroun et la Russie. Décryptage d’une diplomatie en eaux troubles.
La France joue sa dernière carte en Afrique francophone
L’invitation de Paul Biya aux célébrations du Débarquement de Provence n’est pas anodine. Elle s’inscrit dans une stratégie française désespérée pour maintenir son influence en Afrique francophone. Comme le rapporte 237online.com, Emmanuel Macron tente de séduire le Cameroun, première économie d’Afrique centrale, face à la montée en puissance de la Russie dans la région.
« C’est un coup de poker diplomatique de Macron », analyse Jean-Pierre Ekollo, expert en relations internationales. « La France voit son pré carré africain lui échapper et le Cameroun représente un enjeu crucial. »
Le spectre russe plane sur Yaoundé
Le rapprochement entre le Cameroun et la Russie inquiète au plus haut point l’Élysée. Paul Biya a récemment participé au Forum économique Russie-Afrique à Saint-Pétersbourg, signe d’un intérêt croissant pour Moscou.
« Le Cameroun diversifie ses partenariats et la Russie offre une alternative séduisante à la tutelle française« , explique Marie Ngo Nonga, politologue à l’Université de Yaoundé II. « Moscou promet des investissements sans ingérence politique. »
Derrière les sourires de façade, c’est bien l’avenir des intérêts économiques français qui se joue. Avec plus de 200 entreprises implantées au Cameroun, la France craint de perdre pied face à la concurrence russe et chinoise.
Les groupes français comme Total ou Bolloré sont dans le viseur. Macron tente de rassurer Biya pour préserver ces joyaux économiques.
Une invitation qui ne trompe personne
Si l’invitation aux commémorations du Débarquement se veut symbolique, elle ne dupe pas les observateurs avertis. « C’est une opération de séduction qui masque mal le désarroi français », tranche Serge Mbarga, éditorialiste à 237online.com.
Pour Paul Biya, cette invitation est l’occasion de jouer sur plusieurs tableaux. Le président camerounais se pose en interlocuteur incontournable. Il fait monter les enchères entre Paris et Moscou.
L’avenir des relations entre la France et le Cameroun reste incertain. Si Paris tente de resserrer les liens, Yaoundé semble déterminé à s’émanciper de son ancien tuteur colonial.
Le Cameroun a compris qu’il avait le choix de ses partenaires. La France devra revoir sa copie si elle veut garder une influence dans le pays.