(Investir au Cameroun) – Selon le test prévisionnel de conjoncture publié trimestriellement par la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac), l’institut d’émission des six pays de la Cemac (Cameroun, Congo, Gabon, Guinée équatoriale, Tchad et RCA), la production d’huile de palme devrait chuter au Cameroun au cours du 3e trimestre 2024. Selon ce document prospectif de la banque centrale, qui est basé sur les enquêtes réalisées auprès des chefs d’entreprises, responsables d’administrations et autres acteurs clés des différentes filières et secteurs d’activité de la Cemac, cette baisse projetée est consécutive au « cycle de production du palmier à huile, peu propice à une récolte optimale pendant cette période ».
Sur la foi de cette prévision pessimiste des acteurs de la filière huile de palme du Cameroun, le pays s’achemine donc vers de nouvelles importations, afin de pouvoir garantir à la fois la consommation des ménages et l’approvisionnement des unités de raffinage. En effet, à la faveur de la multiplication des usines de raffinage d’huile de palme au Cameroun, la production locale de l’or rouge est de plus en plus insuffisante. Au point où, parti d’environ 100 000 tonnes il y a encore quelques années, le déficit structurel de production a atteint 160 000 tonnes au cours de l’année 2022. Ce qui induit des importations massives pour pouvoir approvisionner les usines.
Mieux, l’écart entre les besoins de ces transformateurs et la production locale ne cesse de se creuser ces dernières années. Pour preuve, alors que les importations autorisées se limitaient généralement autour de 70 à 90 000 tonnes par le passé, elles ont par exemple atteint 200 000 tonnes en 2023, selon l’Association des raffineurs des oléagineux du Cameroun (Asroc). Le 2 juillet 2024, lors d’une rencontre de ce regroupement corporatiste, un projet d’importation de 225 000 tonnes a été annoncé, pour couvrir les besoins des six derniers mois de l’année courante.
En effet, bien que le déficit structurel (il est calculé sur la base d’un fonctionnement à 50% des capacités des unités de transformation) soit estimé à 160 000 tonnes par an, le déficit réel, lui, est beaucoup plus important. Selon les membres de la filière, il dépasse 500 000 tonnes chaque année, dans la mesure où la demande nationale d’huile de palme est estimée à plus d’un million de tonnes, pour une production locale oscillant entre 400 et 500 000 tonnes.
L’on peut cependant remarquer que malgré son statut d’importateur d’huile de palme, le Cameroun est aussi exportateur de l’or rouge. Pour preuve, le rapport de l’Institut national de la statistique (INS) sur le commerce extérieur du pays en 2023 révèle qu’il a été effectué des exportations d’huile de palme de 1 687,5 tonnes cette année-là. Ces ventes, qui ont permis au pays d’engranger 2,2 milliards de FCFA de recettes, ont plus que triplé par rapport aux 657 tonnes d’huile de palme officiellement vendues à l’international en 2022.
Brice R. Mbodiam
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