Imaginez un instant : vous êtes un jeune Camerounais passionné, utilisant les réseaux sociaux pour encourager vos pairs à s’engager civiquement. Puis, en un claquement de doigts, vous vous retrouvez « kidnappé » par les forces de l’ordre, sans explication. C’est le scénario kafkaïen qui vient de se jouer pour Junior Ngombe, alias JunioNG32, star montante de TikTok et voix influente de la jeunesse camerounaise.
Dans la nuit du 25 juillet, alors que la plupart des Camerounais savouraient leur ndole du soir, Junior Ngombe vivait un véritable cauchemar. Arraché à son domicile par une équipe venue spécialement de Yaoundé, l’influenceur s’est retrouvé en détention sans motif apparent. Son crime ? Avoir osé encourager les jeunes à s’inscrire sur les listes électorales.
Me Fabien Kegne, avocat de Ngombe, ne décolère pas : « Hier, il a été kidnappé aux environs de 20 heures et gardé au Groupement de Compagnie Gendarmerie de Douala. Je suis la première personne qu’il a rencontrée depuis lors autour de 11 heures aujourd’hui, sans qu’il ait rien mis sous la dent ou bu depuis son arrestation. »
Cette affaire, que certains surnomment déjà le « Ndole Gate » en référence au plat national camerounais, soulève une question brûlante : le Cameroun est-il en train de glisser vers un régime où encourager la participation démocratique devient un acte subversif ?
Un tiktoker dans la gueule du lion
JUNIOR G32 n’est pas un influenceur comme les autres. Loin des danses virales et des défis farfelus, ce jeune homme a choisi d’utiliser sa plateforme pour éveiller les consciences politiques. Ses vidéos, mêlant humour et pédagogie, ont touché une corde sensible chez de nombreux jeunes Camerounais.
« Il a réussi là où beaucoup ont échoué« , confie Emmanuelle, une jeune étudiante de Douala. « Grâce à lui, j’ai compris l’importance de mon vote. C’est comme s’il avait réveillé toute une génération.«
Mais ce réveil civique semble avoir irrité certains hauts placés. L’arrestation de Ngombe ressemble à s’y méprendre à une tentative d’étouffer une voix devenue trop influente.
La classe politique en ébullition
L’affaire JUNIOR G32a rapidement pris une dimension nationale. Maurice Kamto, leader de l’opposition et président du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), n’a pas tardé à réagir dans un communiqué cinglant :
« À travers ses pourparlers éducatifs et convaincants, JUNIOR G32 a sans doute fini par irriter ceux qui, au sein de l’appareil de l’État, ont éclos et assumé arrogamment un complot contre la liberté et la démocratie au Cameroun. »
Kamto va plus loin, appelant directement le Président de la République à intervenir : « Il est urgent d’arrêter cette dérive rampante qui n’est pas de bon augure pour notre pays à la veille d’une élection présidentielle cruciale. »
Cette prise de position forte d’un poids lourd de l’opposition pourrait bien transformer l’affaire JUNIOR G32 en véritable crise politique.
La démocratie made in Cameroon
L’arrestation de Junior Ngombe intervient dans un contexte déjà tendu. À l’approche de l’élection présidentielle de 2025, le pays semble marcher sur des œufs. Cette affaire pourrait bien être le détonateur d’une crise plus profonde.
En effet, si encourager la participation électorale devient un motif d’arrestation, que reste-t-il de la démocratie ? Cette question, de nombreux Camerounais se la posent aujourd’hui.
La jeunesse camerounaise entre colère et mobilisation
Sur les réseaux sociaux, le hashtag #FreeJunioNG32 est devenu viral en quelques heures. Des milliers de jeunes expriment leur soutien à l’influenceur et leur indignation face à ce qu’ils perçoivent comme une atteinte à leur liberté d’expression. Si on ne peut même plus parler de voter sans risquer la prison, où va notre pays ?
L’affaire JunioNG32 est loin d’être terminée. Alors que Junior Ngombe est en cours de transfert vers Yaoundé, de nombreuses questions restent en suspens. Quels sont les véritables motifs de son arrestation ? Qui a donné l’ordre ? Et surtout, comment cette crise va-t-elle se résoudre ?